« Saltburn » : plongée dans le chef-d’œuvre queer incompris de Emerald Fennell, avec Jacob Elordi
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 5 septembre 2025 - 🕐 7 minutes
L’annonce d’une nouvelle collab entre Jacob Elordi et Emerald Fennell a relancé mon intérêt pour leur précédent projet commun : « Saltburn ».
Jacob Elordi et Margot Robbie seront en effet prochainement sur grand écran dans une nouvelle adaptation modernisée des « Hauts de Hurlevent » d’Emily Brontë, dirigée par la réalisatrice anglaise Emerald Fennell et dont les premières images dévoilées par Warner ont déjà fait grand bruit sur les réseaux.
Ce qui sera abordé :
Sauf que quand on additionne : Elordi + Fennell + Robbie, on pense automatiquement au thriller « psychosexuel » qu’est Saltburn, qui avait fait scandale à sa sortie sur Prime Video en décembre 2023. Retour sur cet ovni queer décrié pourtant absolument génial.

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« Les Hauts de Hurlevent » d’Emily Brontë raconte l’histoire passionnelle et destructrice entre Heathcliff et Catherine Earnshaw sur les landes désolées du Yorkshire. Ce récit de vengeance, d’amour obsessionnel et de haine viscérale, déjà adapté en 1939, 1970, 1992 et 2011, trouve en Emerald Fennell une réalisatrice idéale tant elle a déjà maîtrisé ces sujets par le passé, notamment avec « Promising Young Woman » ou encore « Saltburn ». Margot Robbie incarne Catherine Earnshaw quand Jacob Elordi prête ses traits au détestable Heathcliff. Le casting fait déjà couler beaucoup d’encre car Margot Robbie est jugée “trop vieille” (classe) et Jacob Elordi “pas assez foncé de peau”.
Prévue pour le 14 février 2026, soit juste à temps pour une Saint-Valentin gothique, imprévisible, cette nouvelle version s’annonce déjà comme « sulfureuse » et promet de révolutionner l’œuvre de Brontë, d’après les premiers retours internes. Un nouveau choc visuel annoncé à la « Saltburn », maybe ?
Je suis Jérôme Patalano, auteur édité et auto-édité, et j’ai de chouettes livres à vous proposer, que vous pouvez découvrir sur ma page livres ou directement sur mon espace Amazon. N’hésitez pas à y jeter un oeil !
« Saltburn » : Margot Robbie officiait en coulisses…
Sorti sur Prime Video en France en décembre 2023 après avoir fait sensation au Festival de Venise quelques semaines plus tôt, « Saltburn » a été écrit et réalisé par Emerald Fennell (également actrice, qu’on a vue entre autres dans le rôle de Camilla Parker-Bowles dans la série de Netflix The Crown). Le projet, produit par Margot Robbie via sa société LuckyChap Entertainment, a été conçu comme « un thriller psychosexuel » inspiré du « Talentueux M. Ripley ».
« Saltburn » suit Oliver Quick (Barry Keoghan), étudiant boursier à Oxford, qui se lie d’amitié avec Felix Catton (Jacob Elordi), héritier charismatique d’une famille aristocratique anglaise. Invité à passer l’été dans le somptueux domaine familial de Saltburn Hall, Oliver va révéler sa vraie nature dans un crescendo de désir, de manipulation et d’obsession.

Saltburn : une romance homosexuelle en sous-texte
Emerald Fennell a confirmé en interview que le film était « résolument queer ». Une déclaration officielle qui a confirmé le ressenti de nombreux spectateurs : « Saltburn » est fondamentalement queer, en cela qu’il aborde une histoire d’amour entre deux hommes. Sans le sexe. Mais une histoire d’amour quand même. Même si celle-ci est toxique as fuck.
Le film ne montre jamais explicitement les choses, mais le désir d’Oliver pour Felix sue à chaque image, les personnages flirtant avec une bisexualité « vague ». Oliver Quick ne veut pas seulement avoir Felix, il veut être Felix. Le « posséder ». Totalement.

Oliver passe le film à observer avec envie Felix Catton, faisant de ce dernier l’objet de son affection voire de son envie. Alimentant ainsi son obsession pour lui, tout en créant un cocktail toxique où l’attraction devient destruction.
« Saltburn » place ainsi sur un même pied d’égalité amour, haine et mort.
La fameuse scène de la baignoire et encore celle du cimetière (sans en révéler le contenu) cristallisent cette tension homoérotique, au point d’en avoir dégoûté des « zhommes hétérosexuels » avec des réactions outrées filmées dans les salles de cinéma (et leurs copines ont eu l’air d’apprécier, gênées).

« Saltburn », un film queer par essence
« Saltburn » est donc résolument « queer » au sens véritablement premier du terme : étrange, décalé, inclassable. L’ensemble des personnages pourrait même être interprété comme appartenant au spectre queer tellement ils peuvent parfois être « over the top » ; ce qui enlèverait à chacun le fardeau de la « représentation gay » assumée. Le film échappe ainsi aux catégories traditionnelles, en mélangeant les genres et les tonalités dans un kaléidoscope schizophrénique.
En tant que spectateur gay, j’ai été fasciné par cette exploration de l’obsession homosexuelle non dite. « Saltburn » ose montrer les aspects les plus sombres du désir queer : la jalousie, la possession, la fusion destructrice. C’est inconfortable, c’est dérangeant, mais c’est viscéralement authentique.
On rit, on s’horrifie, on s’émeut, on s’indigne. « Saltburn » est un véritable manège émotionnel qui refuse de laisser le spectateur en paix. Cette instabilité permanente fait écho à l’expérience queer elle-même, cette sensation d’être toujours entre les cases, jamais tout à fait là où on l’attend.
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Avec ses 1 m 96 et son physique sculpté, Jacob Elordi incarne parfaitement Felix Catton, ce « golden boy » anglais à la fois faussement naïf, inaccessible et magnétique. Découvert dans « Euphoria » et la trilogie « The Kissing Booth » (qu’il a avoué détester faire, Netflix a dû apprécier), l’acteur australien est devenu en très peu de temps le fantasme absolu de toute une génération, hommes et femmes confondus. D’autant que sa vie privée reste très secrète (et c’est tant mieux). À part quelques photos de paparazzi où on l’a surpris avec des femmes à son bras, rien n’a jamais été “officialisé”, faisant de lui un fantasme « de tous les possibles ».

Emerald Fennell savait d’ailleurs très bien ce qu’elle faisait en le castant : créer un objet de désir quasi-divin, incarnation parfaite de la beauté aristocratique anglaise, insouciant et terriblement attirant malgré sa superficialité assumée. Chaque plan de « Saltburn » sublime sa plastique, son visage, sa présence, particulièrement dans certaines scènes qui exaltent une tension sexuelle électrisante.

Des seconds rôles de rêve pour détendre le tout
Aux côtés du duo Barry Keoghan et Jacob Elordi, « Saltburn » réunit un casting d’exception :
- Rosamund Pike (Gone Girl, I Care a Lot) en mère de famille excentrique,
- Carey Mulligan (Promising Young Woman, Drive) dans un rôle surprise,
- Richard E. Grant (Can You Ever Forgive Me?) en patriarche désinvolte,
- Alison Oliver (Conversations With Friends) en sœur compliquée,
- Archie Madekwe (Midsommar, Grand Army) en ami d’Oliver.

Ces personnages sont plutôt bien pensés et bienvenus. Leur drôlerie apporte un semblant de léger dans un film qui s’enfonce dans le thriller. Un moyen de contrebalancer les moments de tension portés par Barry Keoghan et Jacob Elordi.
Vous avez vu ? Sophie Ellis-Bextor est de nouveau tendance grâce à TikTok
L’une des révélations inattendues du film fut la résurrection du tubesque « Murder on the Dancefloor » de Sophie Ellis-Bextor, dans une scène finale d’anthologie.
Ce tube du début des années 2000 a littéralement explosé sur TikTok pendant des mois après la sortie du film, offrant à la chanteuse britannique des royalties inespérées et une nouvelle notoriété auprès de la Gen Z. Plus queer comme réf, tu meurs.
« Saltburn », un film queer sans aucune concession
Fermés d’esprit, passez votre chemin. Avec Jacob Elordi en Apollon moderne et Barry Keoghan en anti-héros torturé, Emerald Fennell a signé là un thriller queer d’une rare intensité.
Comme tout bon film queer, forcément, il dérange, interroge et refuse les réponses simples, dont lieu à une déferlante de critiques négatives lors de sa sortie. Beaucoup d’hétérosexuels en ont d’ailleurs perdu leur latin. Ce n’est donc pas un film conventionnel, mais bien une œuvre culte du cinéma queer contemporain qui assume pleinement sa bizarrerie et sa singularité. Un objet cinématographique non identifié qui interroge les limites entre amour et obsession, désir et destruction. Mais ça, tout le monde n’est pas prêt de l’encaisser.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).



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