Série « Culte 2Be3 » : entre nostalgie, torses nus et esthétique queer, que vaut cette série sur les icônes des années 90 ?
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 19 novembre 2025 - 🕐 4 minutes
Après une première saison consacrée au phénomène Loft Story, la série anthologique Culte revient sur Prime Video avec une deuxième saison dédiée aux 2Be3, premier boys band français qui a enflammé les années 90.
La fiction, disponible depuis le 24 octobre, plonge dans l’ascension fulgurante de Filip Nikolic, Adel Kachermi et Frank Delay.
Ce qui sera abordé :
Créée, écrite et réalisée par Yaël Langmann, la série compte six épisodes d’environ 50 minutes qui retracent l’épopée de trois amis de Longjumeau propulsés du bitume de banlieue au sommet du Hit Machine. Au casting, Antoine Simony incarne Filip Nikolic, Namory Bakayoko prête ses traits à Adel Kachermi et Marin Judas-Bouissou joue Frank Delay, avec notamment Daphné Bürki, Gladys Gambie, Cécile Cassel, Marc Robert et Grégory Montel dans la distribution.
Des acteurs bluffants de ressemblance comme d’engagement
La presse française s’accorde sur un point : Antoine Simony livre une prestation remarquable, magnifique, formant avec Namory Bakayoko et Marin Judas un trio solide qui insuffle vie et sincérité à cette histoire. Marin Judas apporte une forme de douceur et de force tranquille au groupe, quand Namory Bakayoko, pétrifié par le symbole de diversité positive qu’il représente, a du mal à se montrer vulnérable. La ressemblance physique et l’investissement des trois comédiens impressionnent, surtout quand on sait que les vrais Adel Kachermi et Frank Delay ont été consultants sur la série. Perso, j’ai même eu du mal, par moment, à différencier Antoine Simony de Filip Nikolic…

La série assume sa dimension homoérotique. Notamment avec des gros plans sur leurs corps huilés de statues grecques et plusieurs scènes de training qui restituent toute la vibe du groupe. Prime Video a clairement compris l’intérêt de ces plans sexy qui font autant partie de l’identité des 2Be3 que leurs tubes.
Daphné Bürki : la révélation de la série !
Connue pour sa carrière d’animatrice et de modeuse (pour rappel, tous les costumes des JO de Paris, c’est elle), Daphné Bürki livre une performance énergique et sensible dans le rôle de Salomé, la productrice ambitieuse du groupe.

Le personnage, inventé de toutes pièces et écrit sur mesure pour elle par Yaël Langmann, n’a jamais existé dans la réalité. Les critiques la trouvent plus convaincante que dans d’autres productions, avec un rôle crédible et bien dosé, même si certains spectateurs restent partagés sur son jeu. Personnellement, j’étais sceptique en la découvrant dans la bande-annonce, mais elle s’en sort très bien et son personnage fonctionne.
Une série trop courte qui laisse sur sa faim…
Condensée en seulement six épisodes, l’histoire donne souvent l’impression d’aller trop vite, avec des ellipses nombreuses et parfois frustrantes pour le spectateur. Selon La Voix du Nord, ce second opus n’offre pas la même habileté à réécrire l’histoire et on assiste sans grande émotion à la quête de trois copains banlieusards consommés par le système.

Le traitement de certains pans de l’histoire des 2Be3 reste superficiel : leur collaboration avec AB Productions pour la sitcom « Pour être libre » est à peine évoquée, les conditions de sa création restent floues. De plus, la fin du groupe est pratiquement absente ! Filip Nikolic, décédé en 2009 à 35 ans, voit son destin tragique abordé avec pudeur, peut-être trop. On aurait aimé davantage d’informations sur ce qui est réellement arrivé aux trois garçons après leur gloire.
Une esthétique queer assumée et une vive critique de l’industrie musicale
Yaël Langmann explique avoir adoré convoquer une certaine esthétique du cinéma queer des années 1990, comme Gregg Araki, avec des couleurs hyper tranchées. La série dénonce avec intelligence l’hypersexualisation des artistes, présentée comme relevant presque de la prostitution, tout en jouant avec les codes de la pornographie. Cette dimension critique de l’industrie musicale impitoyable constitue l’un des points forts de la série.
Côté réception, la série a décroché une moyenne de 3,6 sur 5 auprès de la presse (sur 11 titres), et 3,1 sur 5 auprès des internautes. Les Inrockuptibles saluent une success story pas si bête qui revient avec acuité sur l’épopée du boys band français le plus populaire des années 1990.

Finalement, Culte 2Be3 est une série correcte, sans être exceptionnelle. Le casting est excellent, la photographie soignée, et Prime Video mérite qu’on salue son effort pour proposer autant de plans sexy qui font plaisir aux yeux. Mais ça ne fait pas tout. La série manque de souffle, d’audace narrative, et laisse trop de zones d’ombre sur l’histoire réelle des 2Be3. On se rince l’œil, on replonge avec plaisir dans les années 90, mais on reste un peu frustré de ne pas en savoir plus sur le vrai destin de ces trois garçons qui ont marqué toute une génération.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).





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