Est-ce que vous arrivez à consommer des livres audio, vous ? Moi, non… Jusqu’à il y a peu. Et je suis allé de surprise en surprise. Petit retour d’expérience.
Je vais aborder un sujet très spécifique, qui ne va pas forcément intéresser tout le monde : la consommation de livres audio. En tant qu’auteur, je m’interroge, d’autant que je me suis récemment lancé dans l’auto-édition. Dois-je aussi me lancer publier mes livres en audio ? J’avais commencé à faire des devis, des rétroplannings, notamment pour le petit roman d’Halloween. Résultat ? Beaucoup de travail et de dépenses pour une rentabilité moins que zéro puissance cube. Mais la question n’est pas là. C’est plutôt : est-ce que les Français consomment vraiment des livres audio pour que ça vaille la peine de tester ? Est-ce que vous, qui me lisez en ce moment, avez sauté le pas ? Si non, qu’est-ce qui vous ferait en écouter ?
Le forcing de Amazon pour tester les livres audio via Audible : ça paye
C’est suite à une énième promo proposée par Amazon pour son programme Audible que je me suis récemment lancé. J’ai eu la chance de partir quelques jours en Corée, et avec les 12 heures de vol, à l’aller et au retour, et les nombreuses heures en bus à se déplacer dans tout le pays, il fallait que je m’occupe. Comme d’habitude, je remplis mon smartphone de séries Netflix et autres, mais pas que. J’avais aussi mon Kindle, un livre… ainsi que l’appli Audible, que j’avais téléchargée pour profiter de deux mois d’essai. Ça tombait bien, car au cinéma sortait le nouvel opus de Hunger Games, dont j’espérais l’édition en poche, qui n’arrivait toujours pas après trois ans d’attente (ce qui, bien évidemment, et comme par hasard, a fini par avoir lieu quelques jours après mon installation d’Audible. Anyway).
J’ai donc téléchargé ce volume « prequel » intitulé « Hunger Games: La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur » et l’application Audible m’a informé qu’il y en aurait pour 12 heures d’écoute.
Livres audio : mes premiers pas… catastrophiques
Je me suis lancé, à plusieurs reprises, et devinez quoi : ça n’a pas pris. L’intérêt n’y était pas. Pourtant j’adore écouter des histoires : je suis un gros consommateur de podcasts (plusieurs heures par mois), mais là, ça ne marchait pas. Et je pense savoir pourquoi. Avoir une seule et unique voix comme narrateur, pour raconter une fiction, qui plus est impliquant un nombre incroyable de personnages, ça devient confusant pour moi. Une voix pour tous les incarner ? Pas possible à mes oreilles. Le cerveau a du mal à suivre. Écoutez les podcasts avec des acteurs, de Radio France ou encore de Bababam, et vous verrez, l’immersion est bien plus réussie.
Après tout, quand on était enfant et que nos parents nous lisaient des histoires, ils faisaient des voix différentes par personnage, non ? (Ou y a que moi ? 😅) Ça doit rester, quelque part, dans un coin de notre cerveau. Ainsi donc, Hunger Games en livre audio, c’était un échec. Après 3 heures d’écoute, j’ai arrêté. Mais suis-je le seul ?
Mais qui donc écoute les livres audio ?
Dans une de ses récentes newsletters, l’auto-éditée à succès Jupiter Phaeton (comment ça, vous n’y êtes toujours pas abonnée ?) a publié un condensé d’une étude menée par OpinionWay sur la consommation de l’audio en France en 2022. Et les chiffres sont intéressants, car ils impliquent podcasts ET livres audio. En gros :
• L’audio est en forte croissance en France. En 2022, les Français ont écouté en moyenne 12,7 heures d’audio par semaine, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021. L’audio est un média en pleine expansion dans notre pays et est devenu un médium pour se divertir, s’informer et se relaxer.
• Les livres audio sont le format le plus populaire. Ils représentent 40 % de la consommation audio totale (!) Les catégories les écoutées sont le roman, le développement personnel et le thriller.
•Les podcasts sont aussi en forte croissance. Ils représentent 25 % de la consommation audio totale. Les plus consommés sont les actualités, la culture et le divertissement.
•Les Français écoutent de l’audio à tout moment de la journée, surtout le matin et le soir. Pas de support numérique de lecture privilégié plus qu’un autre : c’est autant sur smartphone, que tablette et ordinateur confondus.
Livres audio : bien choisir son style !
Mais il y a peu, après mon retour de Corée, deux livres sortaient et j’avais très envie de les découvrir. Problème : j’en avais déjà beaucoup à lire, et je ne me voyais pas de les inclure dans ma (trop grosse) PAL. Comme il me restait encore quelques semaines de test de l’application Audible, j’ai décidé de les télécharger. Et là, miracle : ça a pris.
Leur point commun : des autobiographies rédigées à la première personne. Pour moi, ça passait : j’écoutais là un témoignage. La perception n’était donc pas la même. J’avais l’impression de laisser un ami me raconter sa vie (en l’occurrence ici, passionnante). Ces livres, vous n’y avez pas échappé en termes d’actus, sont : Britney Spears « La femme en moi » sorti chez JC Lattès, Thomas Pesquet « Ma vie sans gravité » publié par Flammarion.
Britney Spears « La femme en moi » et Thomas Pesquet « Ma vie sans gravité » : ça s’écoute en audio !
Pour Britney, on est sur une autobiographie choc, avec des révélations surprenantes et des choses maintenues secrètes pendant vingt ans, au détriment de sa santé mentale. Pour avoir travaillé dans la presse People et avoir assisté à son craquage (presque en direct) en 2007, après avoir écouté les coulisses de cet événement, je me sens un peu con (comme beaucoup) maintenant. Ça s’écoute d’une traite, et ça relève presque d’un thriller. D’ailleurs, quand elle a détaillé, au fil d’une vingtaine (!) de chapitres, son horrible tutelle de 13 ans, j’ai pensé au terrifiant film Netflix « I care a lot » avec Rosamund Pike et Peter Dinklage, qui parle de ce « commerce de la tutelle » aux É.-U. Un film effrayant, à voir si ce n’est pas déjà fait. Et vous regarderez Britney autrement, car c’est exactement ça qu’elle a vécu.
Quant à Thomas Pesquet, la première partie est rédigée comme une superproduction américaine. On y est, on le voit, se préparer pour son premier lancement dans l’espace au fin fond de la Russie. C’est détaillé à un point tel qu’on ne voit pas le temps passer. Puis, en pro du storytelling, au moment du décollage… zoom en arrière sur sa vie. On commence sur sa naissance, son enfance, son adolescence et ses envies d’être « numéro 1 » en tout. Puis la rencontre avec sa femme, sa mère un peu réticente sur ses envies professionnelles (on connaît, hein ?) et enfin son chemin de Air France à l’ESA. C’est passionnant de bout en bout. Vraiment. Un jour, on fera une série Netflix sur ce gars. Un doc, déjà, avant. Et après, une série made in Hollywood. On parie ?
Je pense donc que je vais continuer l’audio, mais uniquement pour des récits de ce genre. Des témoignages à la première personne. Les romans, ça ne prend pas pour moi, sauf s’ils sont interprétés par plusieurs acteurs. Au vu des études sur les chiffres d’affaires générés, la part financière des livres audio serait en constante augmentation… Peut-être qu’en 2024, faudra que je songe à autre chose qu’à l’écrit, mais aussi à la voix, pour mes futures histoires…