Parce qu’il y a tellement de remarques auxquelles on doit faire face, et qu’il est temps d’exorciser tout ça ensemble. Eh oui, encore.
La première mouture de ces remarques dégueulasses compilées ne vous a pas laissée indifférents. Et ça tombe bien, parce que je vous réservais le plus gros pour la fin.
Prêts à pleurer ? 3, 2, 1… sortez mouchoirs et Xanax.
Les remarques qu’on entend par habitude (alors que ça ne devrait pas)
26 — « La SFFF c’est pas de la vraie littérature, c’est pour les gosses »
Alors celle-là, faut qu’elle cesse une fois pour toutes. Ce n’est plus possible, en 2020, de dire ça. C’est cracher sur les succès (entre autres) de Harry Potter, qui ont faire lire les petits mais aussi les grands. Et je n’ai pris que l’exemple « connu ».
Réflexion qui vient souvent de la part de lecteurs qui se croient « élitistes », mais qui en réalité lisent très peu, voire pas du tout.
27 — « Ah ouais, t’es auteur(e) ? Et t’es connu(e) ? »/« T’es déjà passé à la télé ? »
Tu ne m’as pas vu ? Ah zut ! Je t’enverrai le replay, promis.
28 — « T’as écrit ça ? Ça me fait vachement penser à [livre au choix] »
Il y aura toujours cette personne (lecteur, ami, éditeur) qui va chercher à comparer. Un peu pour se faire mousser dans le but de nous faire croire qu’elle lit et connaît tout mieux que vous. Comprenez-la, ça la rassure. C’est sa limite d’imagination.
Être original dans ses écrits est de plus en plus dur, car quasiment tout a été raconté… MAIS PAS PAR VOUS ! De toute façon, quoique vous écrivez, il y aura toujours quelqu’un pour le comparer à ce qui a déjà été fait.
29 — « C’est quoi ta ME ? Elle est connue ? C’est une vraie ME ? »
C’est une petite ME. Pas connue du grand-public français, des auditeurs d’Augustin Trapenard ou des spectateurs de la Grande Librairie, peut-être. Mais au moins elle se défonce pour vendre ses livres et se rend sur presque tous les salons. Les grosses ME que t’as en tête en font-elles autant pour leurs auteurs ?
30 — « Si tu n’es pas édité, c’est que t’es mauvais »
Faux, faux, faux et archi-faux. Etre édité est le croisement de plusieurs facteurs dont celui de… la chance. Eh oui. La très grande majorité des auteurs publiés, et même de best-sellers, vous le confirmeront, comme Marc Levy dans cette ITW ! Un manuscrit est jugé de façon très subjective ; on ne juge pas uniquement l’histoire, le style ou les fautes. On juge « un tout ». Et surtout croisez les doigts : mieux vaut que l’éditeur.trice soit en de bonnes dispositions pour l’étudier, car c’est un être humain avant tout.
31 — « Si tu peux te permettre de prendre du temps pour écrire, c’est bien ! »
Je me le permets oui, parce que je sacrifie aussi beaucoup de mon temps libre. Contrairement à toi qui te cherches toujours des excuses.
32 — « Promis, j’achèterai tes livres »
Et on attend encore. Les amis et les autres, arrêtez de faire cette promesse (et vos pingres), car en tant qu’auteur, ça nous brise.
33 — « Tu connais Musso ? »
Bien sûr ! Tu veux son 06 ? J’ai aussi le number de Stephen King et J. K. et parfois, on se fait même des rails de coke ensemble.
34 — « Ton livre fait moins de 300 pages ? Ce doit pas être très bon » / « Ton livre fait plus de 600 pages ? Ce doit être chiant à lire »
Alors, comment vous dire ? Ce truc de la jauge/curseur, je ne sais pas d’où ça sort, mais c’est complètement idiot. Je prends pour exemple l’excellent « Brume » de Stephen King qui fait à peine 290 pages (et moult fois adapté, notamment au cinéma par Frank Darabont) ou le roman français « En attendant Bojangles », absolument délicieux à lire, et qui fait à peine 180 pages. Ou même mon propre roman, une romance paranormale (ou urban fantasy) intitulée Magical London, qui fait 284 pages (et que j’espère vous aimerez. Il sort le 6 novembre 2020).
Pour les pavés, il en existe de très bons qui se lisent de façon plaisante. En atteste l’excellent « Le Chardonneret », que je vous ai chroniqué ici, et qui fait… 1296 pages.
35 — « Tu fais plus de ventes en numérique qu’en broché ? C’est que ce doit être mauvais alors »
OK boomer ! Les nouveaux modes de consommation de lecture sont là, et elles passent par le numérique. Enormément de petites ME ont une communauté branchée Kindle et Kobo et font le plus gros de leurs ventes via ce biais. Ce n’est nullement honteux et en plus, ça permet à l’éditeur ainsi qu’à l’auteur de gagner plus d’argent qu’en version brochée.
36 — « Je vais te lire », et n’avoir jamais de retour
Ça, c’est horrible. Car on ne sait pas si la personne : n’a pas eu le temps, n’a pas aimé, ou s’en fout. Franchement, ne promettez rien si vous savez déjà au fond que ça vous cassera les pieds de nous lire. On est de grandes personnes, et on peut entendre aussi « qu’on n’a pas envie de nous lire ».
37 — « Moi, j’ai le beau-frère de mon cousin qui écrit des livres. Il a du temps comme toi, car il est au chômage »
(Je ne commente même pas cette phrase tellement elle m’a choqué). Ce GIF suffit :
38 — « Vous pouvez me donner un livre gratuit ? J’en parlerai autour de moi »
Vous demandez aussi au resto de vous faire le menu gratuit « pour en parler autour de vous » ? Non ? Ben là, c’est pareil.
39 — « Tu es auto-édité ? Tu n’es pas un vrai écrivain alors ! »
Si, si, si et re-si. Un écrivain, de base, est un auteur. Si l’histoire est racontée (sous quelque forme que ce soit), c’est donc bien un auteur, même non publié. Qu’on se le redise. Si le texte est publié, en ME ou auto-édité, c’est donc un écrivain, dans le sens d’un artiste qui propose ses écrits au grand public.
Stop au snobisme !
J’y reviendrai plus tard, mais oui, en auto-édition il y a des bouses… comme parfois dans les ME aussi.
Amis auto-édités, sortez cette référence : bien avant Amazon et son programme KDP, Stephen King, le lendemain du 11-septembre 2001, a publié une nouvelle, gratuitement, sur son site web. Il s’est donc… auto-édité. Et personne ne le lui en a tenu rigueur.
40 — « Pour être un vrai auteur, faut vivre de l’écriture »
Faux, et archi-faux. Je copie-colle l’étude, très intéressante, de la SGDL, qui date de 2017.
« Les résultats montrent qu’un peu plus de 8 000 auteurs de livres ont perçu, en 2013, des revenus d’auteur supérieurs au SMIC (13 445 €/an), dont près de 3 000 des revenus supérieurs à 2 fois le SMIC (26 890 €) et parmi eux 1 600 auteurs des revenus supérieurs à 3 fois le SMIC (40 335 €).
Autrement dit, 90 % des auteurs perçoivent un revenu en droits d’auteur inférieur au SMIC (40 % chez les auteurs affiliés).«
41 — « Mais t’as un vrai métier à côté ? »
Répétez après moi : Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER. Ecrire EST UN MÉTIER.
La France est l’un des seuls pays au monde où il n’y a pas de diplôme comme dans les pays anglo-saxons ni de cours spécifiques pour être écrivain. On est l’un des seuls pays où « écrire est une passion, pas un métier, donc normal que ça ne rémunère pas ». Faux, faux, faux. Par extension, les journalistes et autres rédacteurs web ne devraient donc pas être payés et considérés comme détenteurs d’un métier valide ?
Les remarques délicieuses entendues en salon de livres
42 — Un client qui regarde les livres exposés sur le stand, face à un auteur en dédicace : « On peut les trouver en librairie ? »/« On peut les acheter où vos bouquins ? »
« Euh… Ben ici, sur mon stand, exposés là, la pile devant moi. Et je peux vous les dédicacer aussi. » WHAT THE ACTUAL FUCK ?
43 — « C’est super ce que vous faites, je fais un tour et je reviens »
On ne les revoit jamais, évidemment.
44 — « Tout ça a l’air intéressant, mais c’est trop gros pour moi »
Et ça s’en va avec un Stephen King de 1000 pages. Allez comprendre.
45 — « Oh non ! C’est une héroïne. Mon fils n’arrivera pas à s’identifier »
Là, on a la remarque la plus crasse en termes d’abandon d’éducation d’un jeune garçon, par une mère de famille qui a balancé ça sans aucune pression.
Alors, vous vous êtes (malheureusement) reconnu ? Vous en avez forcément entendu une (ou plusieurs) dans votre vie d’écrivain.
N’hésitez pas à partager l’article sur les réseaux sociaux, à taguer des amis et collègues, en mettant dans les commentaires les numéros des expressions crasses entendues !