L’univers télévisuel regorge de pépites, mais rares sont celles qui vous attrapent dès les premières images pour ne plus vous lâcher. The Sandman sur Netflix est ce genre de chef-d’œuvre à mes yeux, une ode à la création et un sommet artistique qui mêle habilement fantastique, mythologie, et fantasy.
Ayant découvert cette œuvre de Neil Gaiman uniquement grâce à Netflix, je me suis plongé à pieds joints dès la saison 1 dans ce show incroyable. Une expérience intense, immersive et rare.
Neil Gaiman : l’un des maitres du roman fantastique et fantasy
Neil Gaiman, auteur britannique reconnu à l’international, s’est imposé comme une figure incontournable de la littérature fantastique, notamment grâce à ses romans étiquetés parfois « livre fantastique ado » ou « roman fantasy », des œuvres cultes telles que « American Gods », « Coraline » ou encore « Neverwhere » (que j’avais dévoré). Il a toujours su mêler conte moderne, mythes anciens, et profondeur narrative avec un style unique. The Sandman, créé à l’origine en bande dessinée, serait, d’après ce qui serait dit sur les internets, son « œuvre la plus ambitieuse ». Et sa transposition en série Netflix frappe fort. Très fort.
Un casting de prestige et une équipe technique d’excellence
La force majeure de The Sandman réside autant dans son univers onirique unique que dans son casting flamboyant et son équipe technique triée sur le volet. Au-delà de Tom Sturridge qui incarne Dream avec une intensité troublante (son jeu de regard ne laisse personne indifférent), la série brille par la richesse et la diversité de ses personnages portés par des acteurs remarquables.
Je pense notamment à l’excellent Mason Alexander Park dans le rôle fascinant du personnage non genré Désir, parfaitement ambivalent et magnétique. Un rôle qui lui permet de capturer toute la complexité de ce personnage sans cesse rongé par le remords.
L’ex-mannequin de Saint Laurent Boyd Holbrook, vu entre autres dans Narcos (aux côtés de Pedro Pascal) et The Predator, s’impose avec une présence charismatique alors qu’on ne voit jamais ses yeux. Jenna Coleman, déjà connue pour son rôle dans Doctor Who, apporte une fraîcheur captivante. Jack Gleeson, célèbre pour son rôle de l’impitoyable roi « le plus détesté du monde », alias Joffrey dans Game of Thrones, surprend ici par sa capacité à se réinventer ici dans un rôle radicalement différent de fée gay épris d’un Loki ultra-sexy, incarné lui par Freddie Fox, merveilleuse surprise, qui offre une interprétation jouissive du personnage vu chez Marvel. Mark Hamill, légendaire Luke Skywalker, fait ce qu’il sait faire de mieux depuis deux décennies : prêter sa voix et son timbre unique pour Mervyn Pumpkinhead. Kirby Howell-Baptiste, avec son talent subtil découvert dans The Good Place, renforce l’intensité émotionnelle du show. Cerise sur le gâteau, et « spoiler alert » : Jacob Anderson, connu pour son rôle dans Entretien avec un Vampire et Game of Thrones (« Ver Gris », le commandant des Immaculés, c’est lui) fait une apparition inattendue qui ravira les fans.
Dans l’ombre de ces performances éblouissantes, l’excellence technique soutient chaque scène : Fabien Wagner, directeur de la photographie, a construit des images à couper le souffle, tandis qu’Eric Barba et son équipe d’effets spéciaux oscarisés ont donné vie à un environnement visuel spectaculaire, crédible et immersif. Le travail méticuleux d’Anand Daulani sur les costumes a accentué plus encore la magie de cet univers mystique, parachevant une production où chaque détail comptait. L’ensemble, sous la houlette du producteur-exécutif David S. Goyer, connu pour Blade et The Dark Knight, impose un niveau de qualité digne des plus grandes sagas fantastiques télévisées.
La saison 1 de The Sandman : un succès critique et populaire…
La saison 1 a été un véritable carton. Critiques et public ont salué la fidélité à l’esprit de Neil Gaiman, la richesse du scénario, les dialogues ciselés, la qualité du casting, et surtout la manière dont la mythologie est revisitée avec audace. Pour moi, cette série incarne tout ce que j’aime dans mes propres univers littéraires, comme ceux de mes romans « Chasseurs de l’ombre » et « De l’autre côté des étoiles », où se mêlent fantasy ado et enjeux mythologiques puissants.
Avec un budget avoisinant les 15 millions de dollars par épisode, The Sandman se situe dans le haut du panier des productions Netflix. Ce financement conséquent est visible à l’écran : décors oniriques, CGI de haute qualité, direction artistique impeccable, tout est pensé pour plonger le spectateur dans un rêve éveillé.
… mais qui ne durera pas avec la saison 2
À première vue, la saison 2 aurait déçu des spectateurs par sa réception globale, en deçà du succès de la première. Plusieurs raisons expliqueraient ce phénomène. Selon un article récent de MovieWeb, la saison 2 souffrirait d’une concurrence accrue des programmes mis en ligne en même temps. Certains fans ont regretté une dilution du suspense, ou encore un choix narratif plus audacieux, mais moins accessible. Malgré cela, la saison affiche une beauté visuelle et une richesse thématique indéniables.
Ce « soupçon » de controverse ne diminue en rien l’effet hypnotique que la série exerce : c’est un vrai voyage métaphysique, une immersion totale dans un univers où se croisent héros mythiques, dieux, créatures fantastiques.
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La suite non avouée de la saison 1 de « American Gods » ?
Pour les connaisseurs, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec American Gods, autre œuvre majeure de Neil Gaiman. La saison 1, disponible sur Prime Video, est une vraie réussite ; malheureusement les saisons suivantes, avec le départ du showrunner Bryan Fuller (connu pour la sublime série Hannibal), ont perdu en qualité, voire sombré. Quel gâchis ! The Sandman apparaît dès lors comme la revanche télévisuelle de Neil Gaiman, portant son univers avec une profondeur et un soin sans pareil sur Netflix. Est-ce qu’en produisant de si près The Sandman, l’auteur n’aurait pas voulu rendre justice à ce superbe projet avorté qu’était « American Gods » tant les univers se rapprochent ?
The Sandman : pas de saison 3 (c’est confirmé), mais une vraie fin
Il n’y aura pas de saison 3 : Netflix a officialisé dès le début de la production de la saison 2 que celle-ci servirait de conclusion définitive à la série. Cette décision résulte d’un ensemble de facteurs : enjeux financiers et concurrence accrue dans le secteur des contenus fantastiques.
Sauf qu’un contexte plus récent semble avoir pesé en arrière-plan. En juillet 2024, Neil Gaiman a fait l’objet de graves accusations judiciaires dans un podcast, notamment des allégations de violences sexuelles et de « trafic », qu’il a fermement démenties. Ces polémiques ont eu un impact sur certains de ses projets, avec des collaborateurs qui ont préféré prendre leurs distances, des productions stoppées ou modifiées (comme l’adaptation Disney de The Graveyard Book ou la réduction de la dernière saison de Good Omens). Ces tensions et incertitudes autour de la figure de Gaiman ont vraisemblablement contribué à la décision de ne pas poursuivre The Sandman au-delà de la saison 2, même si Netflix n’a pas officiellement communiqué sur ce point.
Rassurons-nous tout de même : la saison 2 conclut bel et bien la série, offrant aux spectateurs une fin complète, cohérente et fidèle à l’univers imaginé par Neil Gaiman. Cette fin assumée évite les ruptures brutales ou les coups d’arrêt douloureux pour les fans, et consacre The Sandman comme une œuvre maitresse achevée du catalogue Netflix.
The Sandman est, à mes yeux, plus qu’une série : c’est une déclaration d’amour aux romans fantastiques, à la fantasy et à la création artistique sous toutes ses formes. Conjuguant mythologie, religion, émotion et esthétisme, elle incarne parfaitement l’univers que je cultive dans mes romans et articles — et c’est pour cela que cette série est ma came absolue.
Pour découvrir autrement cette richesse, n’hésitez pas à plonger aussi dans mes ouvrages, notamment Chasseurs de l’ombre et De l’Autre Côté des Étoiles, où vous retrouverez la même veine narrative et le même souffle épique. Un univers dont The Sandman est l’une des plus belles expressions contemporaines.