Overcompensating : quand Prime Video fait du Netflix avec la série queer de Benito Skinner
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 14 octobre 2025 - 🕐 5 minutes
Quand Prime Video a annoncé « Overcompensating » en février 2024, peu imaginaient que cette série deviendrait l’un des phénomènes queers les plus discutés de 2025.
Créée par Benito Skinner et produite par A24 en collaboration avec Strong Baby (la société de Jonah Hill), la série a débarqué le 15 mai 2025 sur la plateforme de Jeff Bezos avec ses huit épisodes, marquant une nouvelle ère pour la représentation gay à la télévision. Alors que la saison 2 a été confirmée le 10 septembre dernier, profitons-en pour analyser ce succès que personne n’a vu venir.
Ce qui sera abordé :
Benito Skinner : évolution d’un créateur queer
Né le 3 novembre 1993 à Boise (Idaho, USA), Benito Skinner, aujourd’hui 31 ans, incarne parfaitement cette nouvelle génération de créateurs qui ont su transformer leur présence sur les réseaux sociaux en véritables productions télévisuelles. Ancien étudiant de la Bishop Kelly High School, Benito — Benny — Skinner s’est d’abord fait connaître par ses vidéos TikTok hilarantes, où il proposait déjà des sketchs sur la masculinité toxique et l’identité queer avec un humour décapant (perso, j’adore celle où il s’imagine papa d’une petite fille, c’est hilarant à souhait !).
Le sketch qui (pour moi) a donné naissance à Overcompensating :
« Overcompensating » apparaît donc comme la suite logique de ces créations virales. Benito Skinner y transpose son univers comique dans une fiction plus structurée, explorant les méandres de l’acceptation de soi à travers le prisme universitaire. Comme il l’a déjà confié, le processus créatif l’a profondément marqué : « J’ai dissocié tant de fois pendant le tournage », révélant l’intensité émotionnelle de ce projet autobiographique.
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« Overcompensating » suit Benny Scanlon, major de promotion et champion de football américain de son lycée dans l’Idaho, qui entre en première année à la fictive université de Yates, loin de chez lui et de ses parents aimants. Gay « dans le placard », Benny masque son identité en copiant les comportements de ses pairs hétérosexuels, créant ainsi des situations à la fois hilarantes et touchantes.

La série excelle dans sa capacité à repenser les codes traditionnels de la romance au-delà des sexualités. Plutôt que de tomber dans les clichés du « coming-of-age gay », Benito Skinner propose une vision nuancée où l’homosexualité n’est qu’une facette d’une identité bien plus complexe. Les relations amoureuses se construisent avec subtilité, évitant les écueils du « trauma porn » souvent associés aux narratifs LGBTQ+.
Le casting d’« Overcompensating » fait mouche
La série brille aussi grâce à ses acteur-ices, toustes exceptionnel-les. Wally Baram, Mary Beth Barone, Rish Shah et Adam DiMarco (vu récemment dans « The White Lotus » sur HBO Max ou encore « New Order » sur Netflix) apportent chacun leur patte à cet univers universitaire. Sans compter les guests de fou, comme la chanteuse Charli XCX, qui fait une apparition surprise absolument jouissive à voir.
Mais c’est sans conteste le personnage de Hailee, incarnée par Holmes (oui, elle n’a qu’un nom), qui vole la vedette. Incarné avec brio, ce personnage de « fag hag » transcende l’archétype de « la meilleure amie » délurée et, par extension, la copine préférée des gays. Les fans ont d’ailleurs créé des milliers de vidéos TikTok d’édits de ses meilleures répliques, témoignant de l’impact viral de cette création. L’actrice a d’ailleurs confié avoir été « bouleversée par la réception du public » et avoir « voulu créer un personnage qui ne soit pas juste un faire-valoir comique ».
« Overcompensating » : une approche inclusive saluée, mais…
La série soulève les problématiques de représentation gay contemporaine. Benito Skinner lui-même, physiquement avantagé et souvent dénudé à l’écran (ce qui ravit les spectateurs), incarne malgré lui les standards de désirabilité gay : blanc, jeune (bien qu’il ait 31 ans, soit 12 ans de plus que son personnage), et « musclé as fuck ». Cette contradiction assumée devient un élément métatextuel fascinant, la série questionnant ses propres codes visuels.

Comme l’a souligné un critique sur Slate US, l’âge de Benito Skinner pose parfois question dans son rôle d’étudiant, mais cette « dissonance » renforce paradoxalement l’universalité du propos : qui n’a jamais eu l’impression de « surcompenser » sa véritable nature ?
Les analyses queers de la série insistent sur l’approche inclusive du show. En effet, « Overcompensating » normalise la diversité des orientations sexuelles tout en explorant leurs complexités. Des forums de fans aux critiques spécialisées, tous s’accordent sur la fraîcheur de ce regard. Perso, j’assume même de dire que c’est « une série Netflix, mais diffusée sur Prime », soulignant la qualité et la narration qui caractérisent les productions de la plateforme de Reed Hastings.
La série prouve qu’un contenu centré sur l’expérience gay peut être universel sans pour autant édulcorer son propos. Cette accessibilité sans compromission constitue peut-être sa plus grande réussite.
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Malgré mes appréhensions initiales face aux bandes-annonces, « Overcompensating » s’avère être une délicieuse surprise. La série trouve l’équilibre parfait entre comédie et gravité, proposant des moments de pure hilarité sans jamais sombrer dans le « gnan-gnan ». Cette authenticité émotionnelle résonne aussi dans la communauté queer, qui y retrouve ses questionnements sans voyeurisme.
Comme souvent avec les contenus queers bien exécutés, les femmes ont massivement plébiscité le programme. Ce phénomène, aussi frustrant soit-il, témoigne de la capacité de ces récits à transcender leur public cible. Messieurs les hétéros, regardez cette série : vous ne deviendrez pas gays, mais vous rirez beaucoup !

L’accueil critique positif et l’engagement des fans va permettre à Benito et ses amis de continuer l’aventure puisqu’une saison 2 a été confirmée dans un post vidéo touchant :
« Overcompensating » marque un tournant dans la représentation queer télévisuelle. Cette production prouve qu’en 2025, les histoires de romance gay peuvent être à la fois spécifiques et universelles, drôles et profondes, populaires et exigeantes, sans être victimisantes ni idéalisées. La série évite pas mal d’écueils tout en assumant son identité queer. En mêlant l’humour de TikTok à la sophistication narrative d’A24, Benito Skinner a ainsi livré une œuvre authentique qui parle à tous.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).
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