« Life of Chuck » : merci à Stephen King et Mike Flanagan d’avoir sublimé le fantastique sur grand écran
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 1 octobre 2025 - 🕐 4 minutes
Sorti en France le 12 juin 2025 (à l’heure des internets, ça date, je sais), « Life of Chuck » était l’un des films les plus attendus de l’été. Et pourtant… il a floppé en salles.
Adapté de la nouvelle éponyme de Stephen King par son incontournable fan Mike Flanagan, ce long-métrage bouleverse subtilement les codes du fantastique, loin des sentiers battus du cinéma hollywoodien traditionnel. Ce « Life of Chuck » n’est pas seulement une énième adaptation de Stephen King : c’est une œuvre singulière, poétique, portée par la même équipe de créateurs et d’acteurs à l’origine des succès Netflix récents, comme « The Haunting of Hill House » ou encore « La Chute de la maison Usher ». Vous me connaissez maintenant en que auteur d’imaginaire, ça m’a forcément plu !
Ce qui sera abordé :

Life of Chuck : de quoi ça parle exactement ?
Comme souvent chez Stephen King, le synopsis ne révèle qu’une partie de la complexité de l’histoire. « Life of Chuck », c’est la vie et la mort de Charles Krantz, alias Chuck, racontées à rebours en trois actes. On commence par la fin de l’existence de cet homme ordinaire, pour finir sur son enfance et son adolescence. Entre temps, Flanagan tisse une toile où le fantastique ne surgit pas de monstres ou d’effets spectaculaires, mais de fissures dans le réel, de la beauté trouble de la mémoire et des liens humains. On retrouve dans « Life of Chuck » une capacité à distordre la temporalité, à jouer sur les non-dits et les souvenirs, qui sert le propos du film avec brio.
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C’est une réunion d’artistes qu’attendaient les fans de fantastique : Mike Flanagan, véritable orfèvre du genre, retrouve le maître Stephen King dont il avait déjà adapté « Doctor Sleep ». Flanagan, épaulé de son casting de fidèles acteurs qui le suivent depuis des années, a fait appel pour la première fois de sa vie pro à Tom Hiddleston (inoubliable Loki dans les Marvel), et Jacob Tremblay.
On retrouve dans « Life of Chuck » une capacité à distordre la temporalité, à jouer sur les non-dits et les souvenirs, qui sert le propos du film avec brio.
Impossible enfin de ne pas saluer la performance habitée de Tom Hiddleston, qui porte (une partie du) film de bout en bout. Sa sensibilité et sa grâce confèrent à Chuck une épaisseur rare par la subtilité de son jeu tout en retenue. Face à lui, Jacob Tremblay, qui brille dans la séquence adolescente, magnifie la dimension émotionnelle du personnage dans sa jeunesse et confirme, si c’était encore nécessaire, qu’il est l’une des valeurs montantes sûres du cinéma de genre contemporain. Le reste du casting (mention spéciale à Mark Hamill) donne au film une profondeur humaine peu commune.

Un film fantastique bouleversant et poétique, loin des attendus hollywoodiens
Ce qui surprend et touche dans ce « Life of Chuck », c’est la manière dont Flanagan déconstruit le spectateur. Montage éclaté, narration à rebours, ruptures de ton.
« Life of Chuck » n’est pas qu’une adaptation de plus d’un récit de Stephen King. Mike Flanagan signe ici un film où la magie s’immisce dans le quotidien, transcendé par la justesse des comédiens et la beauté d’une mise en scène inventive et sensible. C’est tout le contraire du spectaculaire facile ; c’est un poème cinématographique, dont la fin continue de m’accompagner, comme une musique douce-amère et obsédante.
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Découvrez ce livreAutre point fort du film, la scène de danse dans la rue — promise pour entrer dans la légende, à l’image de l’ouverture de « La La Land » — sublime précisément ce mélange de folie douce et de beauté mélancolique qui caractérise le meilleur de la fantasy moderne. Cette scène m’a rappelé pourquoi j’aime explorer, dans mes propres livres, la frontière ténue entre l’ordinaire et le merveilleux. La partie la plus marquante, à mes yeux d’auteur, fut sans conteste celle consacrée à Chuck adolescent : elle résonne d’une justesse et d’une émotion rare.
Et je dois également avouer que la fin m’a cueilli, en un clin d’œil, comme rarement lors d’une séance : brutale et bien trop rapide, elle était douce-amère, et a laissé une étrange saveur, persistante, de celles qui hantent et bouleversent plusieurs jours après la projection.

Life of Chuck : une fable sur la disparition et la mémoire
Nombre de critiques l’ont souligné (et je partage cette analyse), le film interroge en profondeur l’impact que peut avoir la disparition de quelqu’un sur le monde, fût-il ordinaire. La force de « Life of Chuck » ne réside pas dans son suspense, mais dans sa capacité à dresser un portrait saisissant de la banalité sublimée par l’amour, le regret, la transmission. La morale du film, comme chez King au sommet de son art, invite à savourer chaque instant, à méditer sur ce qu’on laisse derrière soi.
En somme, « Life of Chuck » est une merveille inattendue, une ode à la beauté fragile de l’existence, et l’un des plus beaux films fantastiques de la décennie. Oui, oui.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).
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