Hacks : quand la meilleure comédie américaine actuelle fait acte de visibilité LGBT dans une Amérique plus divisée que jamais
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 11 novembre 2025 - 🕐 5 minutes
La série américaine Hacks, porté par Jean Smart et Hannah Einbinder, s’achèvera avec sa saison 5, dont le tournage a débuté en septembre 2025. Entre humour incisif, divergences de générations, et représentation queer subtile, mais puissante, elle s’impose comme un modèle rare dans la comédie contemporaine.
Créée par le trio Lucia Aniello, Paul W. Downs et Jen Statsky, Hacks a fait ses débuts en 2021 sur la plateforme HBO Max (US), avec Jean Smart dans le rôle de Deborah Vance, une comique vétérane de Las Vegas au sommet de sa gloire passée, qui engage Ava Daniels, jeune scénariste ambitieuse (interprétée par Hannah Einbinder) pour revitaliser sa carrière.
Ce qui sera abordé :

La série s’est rapidement imposée comme une comédie dramatique de très haut niveau, saluée pour ses dialogues, sa finesse, son humour parfois acéré, et sa capacité à éviter les poncifs moraux tout en abordant des sujets sensibles (divergence intergénérationnelle, identité sexuelle, industrie du divertissement). Elle remporte de nombreux prix, notamment plusieurs Emmys, dont celui de la « meilleure série comique » pour la saison 3 en 2024, et un palmarès d’actrice principale pour Jean Smart.
L’actualité la plus récente marque un tournant : lors des Emmys 2025, Hannah Einbinder a confirmé que la saison 5 serait la dernière saison de Hacks, qualifiant l’annonce de « bittersweet » (à la fois douce-amère) et estimant que c’était le bon moment pour mettre un point final. Le tournage de cette cinquième saison a commencé fin septembre 2025.
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Découvrez ce livreCes éléments qui rendent Hacks si exceptionnelle
La mécanique centrale de Hacks repose sur la relation complexe entre Deborah Vance (Jean Smart), humoriste confirmée, et Ava Daniels (Hannah Einbinder), scénariste jeune, talentueuse, mais souvent dans l’ombre, parfois en conflit moral avec son mentor. Leur dynamique, marquée par le choc des générations, est au cœur de la série.
Le thème n’est pas nouveau dans la fiction, mais ici il est traité avec une rare justesse : ni manichéisme ni caricature. Les deux personnages se combattent autant qu’ils s’apprennent, s’exposent et se révèlent. Cette finesse est visible aussi dans les dialogues. D’ailleurs, chaque épisode porte soin à ne pas tomber dans la morale imposée, mais dans l’observation des fissures humaines et sociales. Hacks ne juge pas, elle montre.
Jean Smart n’était pas inconnue avant Hacks pour les amateurs de séries US, mais elle ne jouissait pas en France d’une célébrité grand public. Elle a bâti sa carrière sur les planches, la télévision et le cinéma ; on la reconnaît pour ses rôles dans Designing Women, Frasier, la série Watchmen, Mare of Easttown, parmi d’autres.

Hannah Einbinder, quant à elle, est plus jeune, moins expérimentée, mais elle a remporté en 2025 un Emmy pour son rôle de second plan dans Hacks, et sa prestation est saluée pour son authenticité, son humour et sa représentation, notamment queer.
Le casting s’appuie aussi sur de seconds rôles remarquables : Megan Stalter, notamment, incarne Kayla, assistante de la diva Vance, dont les scènes provoquent souvent les plus gros éclats de rire. Megan Stalter a aussi été vue dans d’autres comédies, son style un peu absurde contraste et complète parfaitement les personnages plus ancrés.
La force de la représentation LGBTQ+ en parallèle de l’univers des médias
Un des atouts majeurs de Hacks est la façon qu’elle a de traiter les questions queers sans en faire un étendard moralisateur, mais comme une dimension naturelle des personnages. Ava Daniels est bisexuelle, et sa vie personnelle est complexe, parfois chaotique, crédible, non stéréotypée. Le show inclut des scènes sur le Gay L.A., sur la communauté queer à Palm Springs, des références à la culture pop LGBTQ+, ce qui contribue à donner une profondeur à l’univers, tout en restant drôle. Cette inclusion n’est jamais plaquée : elle est intégrée dans les personnages, leurs doutes, leurs réussites, leurs échecs.
Par ailleurs, Hacks décrit les dessous de l’industrie du divertissement : les late-shows, les réseaux de pouvoir, les compromis, les attentes absurdes. Tout cela avec humour, mais aussi parfois avec tension, comme un repas de famille qui pourrait déraper. Le contraste intergénérationnel entre Deborah, star établie, et Ava, jeune écrivaine consciente de ses privilèges, de ses limites, de ses inquiétudes, permet de creuser les paradoxes : comment rester pertinente quand on a déjà tout prouvé ? Comment naviguer entre authenticité, ambition, et compromis ? Hacks évite la leçon imposée, mais n’ignore pas non plus son sujet.

Succès… américain, principalement (et c’est bien dommage)
Aux USA, Hacks récolte une reconnaissance importante : nominations et victoires aux Emmy Awards, succès critique constant, audience en hausse (saison 4 a connu la croissance d’audience semaine après semaine) selon les sources.
En France, la série suscite un petit enthousiasme dans la presse spécialisée pop/culture, mais demeure moins connue du grand public que certains blockbusters. Les critiques soulignent souvent la qualité d’écriture, l’humour cinglant, les personnages bien campés.
Côté diffusion, Hacks est disponible en France via les plateformes de streaming VOD comme Netflix ou Teva (les deux premières saisons, a minima).
La saison 5 de Hacks sera la dernière : à quoi doit-on s’attendre ?
La saison 5, dont le tournage a débuté le 23 septembre 2025, sera la dernière selon Hannah Einbinder, bien que les créateurs n’aient pas encore publié de déclaration officielle exhaustive à ce sujet. Les showrunners ont souvent évoqué la structure de la série comme pensée pour cinq saisons, ce qui donne à cet acte final une dimension d’achèvement fidèle.

Sur le plan narratif, on s’attend à ce que la saison 5 (spoilers ! ⬇️)…
explore le retour de Deborah aux États-Unis après ses chevauchées (comme le détour à Singapour, le faux rapport de décès dans la saison 4), et à ce qu’elle cherche à définir son héritage, sa place, et ce qu’elle veut laisser derrière elle. Ava, de son côté, est à un carrefour : vie perso, carrière, ambition et intégrité. Ces thèmes, déjà présents, seront sans doute poussés vers une conclusion qui évite les raccourcis moraux, mais ne sacrifie pas la clarté. L’humour, toujours, servira autant l’émotion que la critique.
Enjeux culturels : la manière de finir Hacks offre une opportunité de poser un regard sur la longévité d’une série centrée sur des femmes, sur des identités queers, sans cliché. Comment rester drôle en vieillissant ? Quel coût émotionnel et artistique pour garder une voix sincère dans l’industrie ? La saison 5 devra répondre à ces questions.
Vous l’aurez compris, pour moi, Hacks s’impose comme une rareté dans le paysage des comédies actuelles : écriture ciselée, représentations LGBTQ+ naturelles, tension générationnelle évitée, mais toujours présente, personnages secondaires tordants qui enrichissent l’ensemble, et jamais de morale imposée.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).




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