Pourquoi « Dexter: Resurrection » est le comeback sériel réussi et inattendu qu’on attendait depuis 2013
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 19 décembre 2025 - 🕐 6 minutes
Après des années d’errements scénaristiques et deux fins catastrophiques, Dexter revient à New York dans une dixième saison qui réussit l’impossible : faire oublier ses ratés précédents.
Avec un casting de rêve et une écriture retrouvée, « Dexter: Resurrection » prouve qu’on sait encore créer de grandes séries.
Ce qui sera abordé :
En tant que fan de la première heure de Dexter, j’avais toutes les raisons de redouter ce énième retour. La série originale s’était conclue en 2013 sur une fin désastreuse qui avait scandalisé les fans du monde entier, transformant le tueur en série en un bûcheron barbu perdu dans une forêt canadienne. Puis était arrivé « Dexter : New Blood » en 2021, ce sequel ambitieux, mais inégal, qui se la jouait Fargo dans les paysages enneigés d’Iron Lake. Sa conclusion glaciale, où Dexter mourait sous les balles de son propre fils Harrison, nous avait laissé sur notre faim malgré de belles promesses. Décidément, après tant de déceptions, fallait-il vraiment croire en une résurrection miraculeuse ?

Showtime frappe fort avec un retour triomphal à New York
Mais là, là, LÀ : OH MY GOD. Quelle série ! Quel casting ! Cela faisait très longtemps que je n’avais pas bingé une série avec autant de plaisir et en aussi peu de temps. Pour cette mouture qui se passe intégralement à New York, Dieu merci c’est bien trouvé et adieu le Canada, l’écriture signée Clyde Phillips retrouve toute sa splendeur des grandes heures. Le showrunner des quatre premières saisons cultes de Dexter reprend les commandes avec brio et nous offre un scénario original, haletant, qui mêle vraie chasse au serial killer et questionnements moraux avec une maîtrise retrouvée. La série compte dix épisodes diffusés depuis le 21 août 2025 sur Canal+.
Michael C. Hall incarne toujours Dexter Morgan avec une intensité magnétique, rejoint par un casting long comme le bras qui transforme cette saison en événement télévisuel.
Attention, spoilers :
Peter Dinklage campe Leon Prater, un milliardaire fascinant et tordu, obsédé par les serial killers. Uma Thurman brille en Charley, sa responsable de sécurité énigmatique et mortelle. On retrouve également Neil Patrick Harris dans le rôle du Collectionneur de Tatouages, Eric Stonestreet surprenant en tueur en série maniéré plouc de province, Krysten Ritter en Lady Vengeance et David Dastmalchian en Tueur des Gémeaux. Sans oublier Jack Alcott qui reprend son rôle de Harrison avec une profondeur nouvelle, David Zayas de retour en Angel Batista, et des apparitions nostalgiques de John Lithgow et Jimmy Smits.
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Découvrez ce livreUne mise en scène impeccable et une imagerie incroyable
« Dexter: Resurrection » déploie une esthétique visuelle somptueuse, avec une mise en scène impeccable qui rappelle les grandes heures de la série tout en y ajoutant une touche contemporaine. Le générique de fin est particulièrement réussi, à la fois très beau et inquiétant. La série cultive une atmosphère très Tarantino, notamment grâce à la présence d’Uma Thurman qui ravive immédiatement les souvenirs de Kill Bill. Cette dimension pulp et baroque s’assume pleinement, avec des tueurs tous plus originaux et grotesques les uns que les autres, participant à un club secret orchestré par le personnage de Dinklage.
L’intrigue principale autour de ce cercle de serial killers new-yorkais fonctionne à merveille. Dexter se retrouve infiltré dans ce réseau morbide où les pires prédateurs se rencontrent pour dîner et échanger sur leurs méthodes. Un concept fascinant qui pose des questions troublantes : Dexter doit-il renoncer au Code d’Harry pour enfin appartenir à une communauté qui le comprend ? La série explore ces dilemmes avec intelligence, tout en maintenant un rythme effréné et des retournements de situation aussi improbables qu’efficaces.

Des personnages inclusifs, mais toujours pas de représentation queer
L’inspectrice Claudette Wallace, jouée par Kadia Saraf, apporte une touche d’originalité bienvenue. Visiblement autiste Asperger, elle fascine par son génie… tout avec son obsession d’écouter en boucle Stayin’ Alive des Bee Gees. Une trouvaille originale qui donne une dimension inclusive à une série comme Dexter. C’est un pas en avant, même modeste, dans la représentation du spectre autistique à la télévision. Pour Poptimist, cette avancée reste cependant frustrante : toujours pas de personnages ouvertement gays dans l’univers Dexter, malgré dix saisons et plusieurs spin-offs.
On peut néanmoins s’interroger sur les sentiments de Dexter lui-même, véritablement asexuel selon mon analyse. Le personnage n’a jamais manifesté de véritable désir sexuel authentique, ses relations amoureuses semblant davantage répondre à un besoin de normalité sociale qu’à une pulsion réelle. De là à dire que les asexuels ne ressentent rien à part le besoin de tuer, la série ne s’y risque pas. Mais cette dimension mériterait d’être explorée avec plus de finesse, d’autant que la représentation asexuelle reste quasi inexistante à la télévision.

Un retour critique qui salue un retour en force
Les retours de la presse française et internationale sont élogieux. AlloCiné note que la série retrouve l’esprit Dexter avec des évolutions bienvenues, tandis qu’Écran Large salue un comeback qui élève Dexter à un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis longtemps. IndieWire reconnaît que cette seconde chance valait le coup de ressusciter le personnage, tandis que Le Mag du Ciné parle carrément d’une grâce divine télévisuelle. La série obtient 94 pour cent sur Rotten Tomatoes et a attiré 4,4 millions de téléspectateurs américains dès le premier épisode, devenant ainsi l’une des séries les mieux notées de 2025.
IGN souligne l’assortiment de nouveaux tueurs, policiers et épreuves qui font de cette suite une aventure palpitante. Entertainment Weekly, bien que mesuré, admet que Phillips et Hall offrent une saison supplémentaire regardable à leur serial killer charismatique. Même The Hollywood Reporter, pourtant critique sur les facilités scénaristiques habituelles de Dexter, concède que les fans de la version cartoon du personnage y trouveront leur compte. Et je m’aligne totalement sur ces avis : Resurrection rattrape brillamment les erreurs du passé et offre enfin à Dexter la trajectoire qu’il méritait.
Je dois avouer que cette saison me réconcilie avec la franchise Dexter. Pas étonnant d’ailleurs que Showtime, la chaîne qui a produit des séries cultes comme Homeland, Shameless, The L Word, Weeds, Californication ou Masters of Sex, réussisse à nous sortir enfin une suite digne de ce nom. Après tant de faux départs et de déceptions, Resurrection prouve qu’on sait encore écrire de bonnes séries quand on y met les moyens et le bon showrunner. La série vient d’ailleurs d’être renouvelée pour une saison 2, confirmant son succès phénoménal.

Alors franchement, si vous avez aimé Dexter à ses débuts, si vous avez souffert avec ses saisons ratées, si New Blood vous a laissé perplexe : foncez regarder Resurrection. C’est la série qu’on attendait depuis 2013, celle qui rend justice au personnage et qui nous rappelle pourquoi on est tombé amoureux de ce tueur en série attachant et complexe. Disponible sur Canal+ et MyCanal, « Dexter: Resurrection » mérite amplement votre temps. Et cette fois, promis, vous ne serez pas déçu.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).




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