Sorti dans la plus totale indifférence, ce petit bijou italien de ciné, au romantisme à se damner, est le film qu’il ne faut pas manquer sur Netflix. Je parle ici de Nuovo Olimpo, du réalisateur turco-italien Ferzan Özpetek.
Nuovo Olimpo : ça raconte quoi ?
Le pitch : Dans la Rome des années 70, Enea et Pietro se rencontrent par hasard dans un cinéma, le Nuovo Olimpo. Naît alors une passion inoubliable entre les deux hommes… que le destin séparera.
Ce que le résumé officiel ne dit pas, c’est que ça commence en 1978… pour se terminer en 2015. Une histoire d’amour qui s’étale sur une quarantaine d’années, largement inspirée de la vie privée du réalisateur Ferzan Özpetek, un des rares dans le milieu à avoir fait son coming-out tôt et à avoir produit des films à thématique LGBT bien avant tout le monde comme Hammam, le bain turc (1997) ou encore Tableau de famille (2001). Ces détails ont leur importance…
Ça commence doucement, à la fin des années 70, au Nuovo Olimpo, tenu par Titti, une femme fantasque qui n’est pas dupe. Elle sait que son cinéma, qui n’a qu’un seul écran, est aussi un lieu de rencontres pour hommes, à une époque où l’homosexualité était réprimée (remember?). Une alliée touchante, une de celles que beaucoup d’hommes gay connaissent ou en connu dans leur vie (et j’en sais quelque chose). Elle va, en fermant les yeux, permettre à de jeunes hommes de se retrouver à l’abri des regards indiscrets, dont deux, incarnés par (les très beaux !) Damiano Gavino (Enea) et Andrea Di Luigi (Pietro). Le premier est un fan de cinéma qui va devenir réalisateur queer assumé (tiens ?) et le second, quelqu’un qui a du mal à accepter ses sentiments et qui finira docteur… engoncé dans une vie maritale hétérosexuelle qui ne lui sied pas.
Ça vaut le coup d’être vu ?
Là où le réalisateur a réussi un tour de force dans sa mise en scène, c’est lors des premiers échanges de regards des jeunes héros. On devine les sentiments leur brûler le corps sans pour autant les laisser exploser. On aurait pu s’attendre à quelque chose de glauque dans les toilettes du Nuovo Olimpo, et il n’en est rien.
La suite ? Je ne vous la raconte pas. Faut voir ce film. Aussi pour sa scène de fin d’ailleurs. L’alchimie entre les acteurs principaux est splendide. Les plans de l’Italie des années 70 ? Une beauté. Rome, les trattorias vibrantes, le cinéma de Fellini : on y est, dans l’Italie qu’on n’a pas connue, sublimée par Ferzan Özpetek.
Ce film n’est pas que romantique : il nous pousse à remettre en question ce qu’on est, qui on est.
L’interrogation sur l’identité de soi et s’assumer, ce que coûtent nos décisions de vie (déchirante Titti !), l’impact de nos choix… Ce film n’est pas que romantique, il nous pousse à remettre en question ce qu’on est, qui on est. Ferzan nous demande en fait si on est heureux. Vaste question…
Enfin, l’histoire queer est dépeinte avec soin, sans basculer dans le graveleux. Oui les gays baisaient dans des toilettes, mais parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix, étant chassés au grand jour. Ici, point de misérabilisme ; tout amour vaut le coup d’être vécu, car une vie, ça file.
C’est quasi un sans-faute, si ce n’est quelques rares passages un peu gnangnan, des lourdeurs, parfois, et une fin que j’ai trouvée un chouilla précipité. Ou peut-être parce que je ne voulais pas que ça finisse ?
Nuovo Olimpo : j’ai adoré, et je ne suis pas le seul
Le film est sorti sur la plateforme au N rouge le 1er novembre et quelques retombées médiatiques ont déjà eu lieu. Pour Le Parisien, « Nuovo Olimpo est une ode à l’amour dans une époque moins compréhensive qu’aujourd’hui 6 ». Télé-Loisirs a dit que c’était « un film émouvant sur un amour impossible entre deux hommes dans les années 70 [malgré] un trop-plein de clichés mielleux ». Ils ont même rédigé un autre article compilant les retours, touchants, de ceux qui l’ont vu. Et sur Allociné, les quelques critiques spectateurs sont dithyrambiques.
Enfin, je ne vous cache pas avoir craqué sur les deux jeunes acteurs principaux du film, qu’on reverra surement bientôt. La relève du cinéma italien serait-elle déjà là ?