Je vais vous parler de deux séries sorties sur Netflix en 2022, alors que j’écris cet article fin 2023. Oui, je sais, je suis en retard. Mais pourquoi ? Parce que ces deux shows n’ont pas eu la visibilité qu’ils méritaient… Mettons de côté le porno-soft de Elite ou la catastrophique saison 4 de Sex Education et parlons des excellentes : Neumatt et Smiley, deux séries qui valent d’être découvertes, même si l’une d’elles a déjà été annulée.
Neumatt, le drame familial suisse
Neumatt est une série de la société de production suisse SRF, tournée en patois suisse alémanique (ce qui est original, pour nous, Français).
Le pitch : de retour à Neumatt, la ferme laitière familiale reconnue dans la région, suite au suicide de son père qui la gérait, Michi Wyss, un consultant en banque d’affaires à succès vivant à Zurich, citadin qui vit à cent à l’heure, gay dans le placard pour ses parents et son petit frère, n’a nulle envie de revenir, mais doit le faire sinon c’est la fermeture assurée.
J’ai dévoré la saison 1, pourtant en ligne sur Netflix depuis un moment comme je vous le disais plus haut (Netflix n’arrêtait pas de me la proposer en suggestion). La saison 2, que je n’ai pas encore vue, vient à peine d’être diffusée en Suisse et se retrouvera bientôt sur la plateforme au N rouge. Dans l’ensemble, la série est bien écrite et jouée. Le personnage de Michi est à la fois complexe et attachant : on a envie de le taper comme de le serrer dans nos bras. Beau travail d’interprétation de Julian Koechlin, par ailleurs. Chapeau, Monsieur.
La série aborde des thèmes importants, tels que la famille, l’identité et l’acceptation de soi. Ça se suit (presque) comme un thriller économique. Parfois on grince des dents sur certains clichés (non, tous les gays mal dans leur peau ne se droguent pas), mais dans l’ensemble, c’est fluide et prenant. Ce que j’ai adoré surtout ? C’est le traitement LGBT du personnage principal. Vous le verrez : dans Neumatt, it’s not a big deal. C’est même plutôt rapidement abordé, tel un sujet « hétérosexuel » en somme. Et de montrer un héros, gay, qui a sa vie et ses problèmes comme tout le monde, sans s’exciter sur ce qu’il se passe dans son lit, c’est vivifiant, et c’est beau pour la représentation. Vite, la saison 2 !
Parfois on grince des dents sur certains clichés, mais dans l’ensemble, c’est fluide et prenant.
Smiley, le Love Actually espagnol
Smiley est une série espagnole adaptée à la base d’une pièce de théâtre à succès. Lisez-moi ce pitch digne d’une comédie romantique de Noël : « Alex, jeune serveur sexy d’un bar LGBT de Barcelone, a le cœur brisé, car il vient de subir un chagrin d’amour. Après avoir demandé des explications par message vocal, il l’envoie par erreur à Bruno, un architecte plus âgé, qu’il ne connaît pas. Cette erreur innocente va changer leur vie à jamais… » Non, mais on craque, on est d’accord ?
La série, courte (8 épisodes seulement de 30 min chacun), est drôle et touchante. Plus touchante que drôle, même. Car ENFIN, on a affaire à un show qui se plaît à débunker tous les clichés autour de la communauté, des gym-queens aux intellos. Ajoutez des plans très Almodovariens (je suis obligé de le citer, il l’est aussi dans la série !) des tensions, de l’amour et des scènes filmées façon « Love Actually » et vous obtenez cette vivifiante comédie dont le sujet principal est : la difficulté d’exprimer ses sentiments. Et ça, je l’avais peu vu dans un programme « d’amis », qui plus est dans un décor queer affirmé (un bar très coloré du quartier de l’Eixample — tmtc).
On craque pour ces deux héros que pourtant tout oppose, car parfois on s’identifie à l’un comme à l’autre. C’est plutôt bien écrit, bien interprété, la galerie de personnages annexes tient la route même si, perso, le retour de l’ex-ami de la mère d’Alex m’a un peu irrité et a trop traîné… Mais, anyway.
Malheureusement, cette série ne connaîtra pas de saison 2, sans doute par faute de visibilité. On ne reverra plus Alex et ses gros biscoteaux (le beaucoup trop beau Carlos Cuevas) ni Bruno (le choupi Miki Esparbé) et ses références culturelles pointues. Et c’est bien dommage ! Mais rassurez-vous, cette saison se « boucle » quasiment à… 92 %. Donc, pas de regrets.
Le point commun entre Neumatt et Smiley ? Ce sont des séries qui abordent la vie LGBT de manière réaliste
Neumatt et Smiley ne sont pas là pour faire du feel-good pour du feel-good ou pour décrire une vision idéalisée de la communauté LGBT. Non non non. Elles dépeignent la vie telle qu’elle est, avec ses joies et ses peines et montrent le « quasi »-vrai quotidien LGBT, avec ses difficultés et ses challenges. Si vos proches hétéros « n’arrivent pas à vous comprendre » (on connaît la chose), conseillez-leur ces deux programmes. En plus, cerise sur le gâteau, checkez les coms en ligne sur ces deux créations : l’accueil était globalement au rendez-vous .
Alors, si vous cherchez des séries qui vous feront rire, vous émouvoir voire plus, je vous recommande vivement Neumatt et Smiley, deux productions coup de cœur qui méritent d’être largement découvertes.