Stephen King, auteur le plus banni des écoles américaines en 2025 : doit-on y voir une Amérique basculant vers une « République de Gilead » ?
Écrit par Jérôme Patalano - Publié le 7 octobre 2025 - 🕐 4 minutes
C’est officiel : Stephen King, l’un des écrivains prolifiques les plus connus au monde, est devenu l’auteur le plus banni des bibliothèques scolaires américaines.
En effet, entre 2024 et 2025, ses œuvres ont été retirées à plus de 200 reprises des établissements scolaires américaines, une indication inquiétante d’une censure organisée qui menace la diversité culturelle et la liberté d’accès à la lecture.
Ce qui sera abordé :

Une censure en pleine expansion dans les écoles américaines
Depuis 2021, les États-Unis connaissent une montée sans précédent de la censure des livres dans les écoles publiques. Selon le rapport annuel 2024-2025 publié par PEN America, organisation dédiée à la liberté d’expression, 6 870 interdictions ont été enregistrées au cours de l’année scolaire dans 23 états et 87 districts scolaires.
La Floride, le Texas et le Tennessee représentent ensemble 80 % des cas de bannissement
Parmi les titres bannis, celui de l’écrivain emblématique Stephen King arrive en tête avec 206 interdictions sur 87 de ses ouvrages, dont les classiques « Carrie », « Le Fléau » et « Ça ». Ces chiffres, bien qu’en baisse par rapport aux 10 000 cas de l’année précédente, restent alarmants et symbolisent une tendance lourde et organisée.
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Découvrez ce livreLa concentration géographique des interdictions est notable : la Floride, le Texas et le Tennessee représentent ensemble 80 % des cas de bannissement. Ces États ont adopté des législations spécifiques visant à retirer des bibliothèques scolaires des ouvrages jugés « inappropriés », notamment ceux contenant des thèmes liés à la sexualité, aux violences explicites, et notamment aux questions LGBTQ+. Cette politique traduit une volonté idéologique claire, parfois soutenue par des menaces sur le financement public des écoles, pour contraindre les responsables éducatifs à appliquer ces censures.

Stephen King, victime d’un paradoxe effarant
Il est paradoxal que le maître de l’horreur, dont l’œuvre explore souvent les marges de la société et des psychés, en vienne à être considéré comme un danger pour la jeunesse américaine. La censure ne s’attaque pas tant à la violence contenue dans ses romans, que plus largement, à la crainte politique et morale des contenus dits « adultes », catégorie dans laquelle ses écrits sont systématiquement rangés. Cette dissolution de la nuance dans les critères d’interdiction entraîne la suppression de récits riches et diversifiés, privant les élèves d’un accès essentiel à la culture.
Le phénomène s’inscrit dans un contexte plus large de restrictions culturelles qui ciblent également des œuvres abordant les questions de race, d’identité de genre et d’orientation sexuelle. En ce sens, le bannissement massif de Stephen King apparaît comme le symptôme d’un climat de peur et de contrôle sur ce que la jeunesse peut lire, apprendre et imaginer.

Se dirige-t-on vers une société américaine façon « République de Gilead » ?
Cette offense à la pluralité culturelle et à la liberté d’expression effraie plus d’un observateur. Elle annonce potentiellement une bascule inquiétante pour les États-Unis vers une forme de « République de Gilead », évoquée dans la série dystopique « La servante écarlate », où la censure et la répression idéologique entravent brutalement toute forme de liberté individuelle et culturelle. Tandis que certains États multiplient les interdictions littéraires, les voix de la dissidence se font rares, étouffées ou menacées.
La question qui se pose est celle des conséquences à long terme pour la démocratie culturelle et l’éducation : jusqu’où iront ces purges ? Quel avenir pour une jeunesse privée d’histoires plurielles, de questionnements et d’ouverture ? Plus que jamais, la censure de Stephen King et d’autres auteurs emblématiques interpelle sur l’état de la liberté intellectuelle aux États-Unis, et plus largement dans le monde contemporain.
Le constat est donc sans appel : la censure est bel et bien devenue une arme politique majeure, en restreignant l’accès des jeunes aux livres. Le bannissement massif de Stephen King illustre à quel point la culture peut être fragilisée par des mécanismes de contrôle. L’enjeu est de taille, car il s’agit non seulement d’un combat pour la lecture libre, mais également d’une lutte pour la préservation même de la diversité des idées et de la démocratie culturelle.
L’avenir appelle à une vigilance accrue, à un sursaut des acteurs culturels et éducatifs et à une mobilisation collective pour défendre la pluralité et la richesse des voix qui nourrissent les consciences.

Jérôme Patalano est un auteur édité et auto-édité de romans d’imaginaire, feel-good et thrillers, avec des personnages queers, et consultant free-lance en communication digitale.
Enfant des années 80 et ado des années 90, la pop-culture a toujours guidé sa vie, jusqu’à la création de plusieurs médias comme Poptimist, mag de pop-culture queer (et pas que).
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